Lorsque, le 14 juillet 1960, José Arribas se présente au siège du FC Nantes, rue Bertrand-Geslin, pour répondre à une invitation de Jean Clerfeuille qui cherche un remplaçant à Karel Michlowski, dont le départ est acté, personne n’imagine que le destin du club va basculer.
Simple d’apparence, sans prétention dans ses attitudes, sa carte de visite est à l’image de l’homme : modeste.
Ancien joueur du Mans, réfugié basque de la guerre d’Espagne, Arribas entraîne les amateurs de Noyen-sur-Sarthe. Pas de quoi fouetter un Canari. Il avoue même que, lorsqu’il a adressé sa lettre de candidature pour le poste d’entraîneur, il n’a pas cru une seconde qu’elle puisse être retenue. A ses proches, il concède : « J’ai presque écrit par hasard. » Mais, avec ce courrier qui a atterri sur le bureau du président nantais, c’est le cœur qui a parlé. Il n’a évoqué ni salaire, ni prime, ni dédommagement. Son propos ? Le jeu, le plaisir du jeu, la passion d’entraîner. Des mots étrangers aux phrases stéréotypées que tout candidat se croit obligé d’écrire.
Dix jours plus tard, engagé par Clerfeuille, Arribas quitte Noyen-sur-Sarthe où il complétait son activité d’entraineur du club par un emploi dans une usine de matelas tandis que son épouse Suzanne s’occupait d’un café. Tous les deux rejoignent Nantes et c’est comme s’il renouait le fil de son histoire. Il révèle en effet qu’il « paie » sa dette.
« Quand la guerre civile m’a chassé d’Espagne avec ma mère et mes deux sœurs alors que mon père combattait, dit-il, c’est à Nantes que j’ai débarqué le 5 juillet 1937. Bordeaux et La Pallice n’avaient pas voulu accueillir le bateau qui nous évacuait. Nous avons été refoulés vers Nantes qui nous a ouvert ses bras et, au marché de Talensac qui me parut immense, une table gigantesque dressée avec des victuailles en abondance nous attendait. Il y avait six mois que je n’avais pas vu un morceau de pain. Je me suis cru au paradis. »
Ce souvenir restera à jamais gravé dans sa mémoire. En se liant au FC Nantes, il dit honorer une dette. Le club s’en trouvera ô combien honoré pendant ses seize ans de présence à la tête de l’équipe.
UN JOUR, UNE DECLARATION
Jorge Burruchaga
« A Nantes, il faut que chacun amène ses propres affaires de football, et qu’il les lave chez lui. C’est différent d’Independiente, où je jouais avant. Le club s’occupait de tout ! »
Août 1985
LA LEGENDE DU FC NANTES
1943-2018 : 75 ANS D’HISTOIRE
Par Denis Chaumier